Affaire Grégory Villemin : énorme rebondissement.
Affaire Grégory : Alors que Monique, l’âme du clan, vient de mourir, des soupçons demeurent sur les mystérieux oncles de Jean-Marie Villemin
Cela faisait des années que Jean-Marie était revenu sur les routes sinueuses de son enfance, sur les bords de la Vologne, la rivière maudite où son fils a été retrouvé par une nuit froide en 1984. Ce mardi 21 avril, il est arrivé seul au cimetière de Senones, Christine Villemin ne l’a pas accompagné. Sa soeur Jacqueline et son frère Gilbert le retrouvent devant la tombe de sa mère, Monique, portée par le Covid-19, à l’âge de 88 ans.
Affaire Grégory : Elle était la doyenne de la famille Villemin, la matriarche d’un clan divisé, animé par une haine irrationnelle. Elle connaissait leurs secrets et ne les a jamais révélés. L’ancienne ouvrière textile avait vécu pendant six mois dans un Ephad à Baccarat, en Meurthe-et-Moselle, avec son mari Albert, qui n’a pas pu assister aux funérailles. Avant de tomber dans le coma, elle a échangé quelques mots au téléphone avec Jean-Marie, son fils, qui lui a toujours reproché de ne pas tout lui dire.
Monique avait été entendue par les gendarmes en juin 2017, lorsque l’enquête a été relancée. Dans son mauvais état de santé, elle n’a pas été arrêtée, mais a reconnu son écriture dans des lettres anonymes envoyées au juge Simon en 1989, pour l’inciter à orienter son enquête vers Christine, la mère de Grégory. Lors de l’audience, elle a également confirmé qu’elle continuait à croire en l’innocence de Bernard Laroche, le cousin soupçonné d’avoir enlevé la jeune fille. Voulait-elle encore protéger quelqu’un ? Est-ce Michel, son fils préféré, également le plus fragile, qui aurait pu retarder la découverte du corps…
Trente minutes après la disparition de Gregory, Michel a dit qu’il avait reçu un appel du corbeau : “Je me suis vengé du chef et j’ai kidnappé son fils. Je l’ai étranglé et je l’ai jeté dans le Vologna. “Le petit garçon, cependant, n’avait pas été étranglé. Autre bizarrerie : Michel n’avait alors pas parlé de la rivière, laissant les gendarmes aller dans la forêt et perdre un temps précieux. C’est sur l’insistance de Jean-Marie qu’il a finalement abandonné le mot “Vologne”. Michel est décédé en 2010. Sa veuve, Ginette, prend la parole pour la première fois.
La dame fragile, accrochée à sa cigarette, nous accueille à la porte de sa modeste demeure, non loin d’Epinal. Elle dit : “Cette histoire a ruiné ma vie. J’y pense tous les jours. “Gregory avait le même âge que son propre fils, mais je ne le voyais pas beaucoup. “Avec Christine, ça ne s’est pas bien passé. Nous avions une maison, une voiture, quand nous avons acheté un canapé, nous avons payé en liquide”, dit-elle. Nous n’étions pas jaloux et nous n’avons jamais appelé Jean-Marie “le patron”. “Cependant, lorsque son mari a été interrogé quelques jours après la tragédie, il a expliqué : “Notre frère Jean-Marie est le plus favorisé. C’est lui qui est le mieux placé. “Le 14 octobre, Jean-Marie m’a dit qu’avec son prêt, il avait pu acheter sa R18, son salon de cuir et entreprendre les travaux d’agrandissement de son garage. “Ginette laisse couler quelques larmes : “J’en rêve la nuit, nous étions détruits…”
Le lendemain du décès de sa belle-mère, le 19 avril, Ginette se rend au salon funéraire pour un dernier hommage. Monique les a toujours défendus, elle et son mari. Deux autres personnages essentiels n’ont pas été vus : le frère de Monique, Marcel Jacob, et sa femme Jacqueline. Depuis 2017, les gendarmes défendent la thèse d’un crime collectif. Auraient-ils pu être les participants ? Ils étaient aussi proches de Michel que de Bernard Laroche. En juin 2017, ils ont été accusés d’enlèvement suivi de mort.
Pendant sa garde à vue, Jacqueline avait impressionné les gendarmes en opposant à leurs centaines de questions une seule phrase : “Je garde mon droit au silence”. “Cinq mois plus tard, devant la présidente de la chambre d’instruction, Claire Barbier, elle s’est finalement rendue pendant près de deux heures. “Avez-vous tué Grégory Villemin ? – Non, j’étais au travail. “Au cours de l’audition, la Vosgienne de 75 ans a raconté l’histoire de sa vie quotidienne en tant qu’ouvrière à l’usine de filature d’Aumontzey. Elle n’a jamais quitté la vallée de la Vologne, ses somptueuses forêts, dont elle connaît toutes les routes, tous les villages, toutes les familles avec leurs rancœurs.
35 ans après la disparition de son petit-neveu, la vieille femme ne l’a pas une seule fois appelé par son prénom.
En 1985, j’aurais sauté de joie à la nouvelle de l’emprisonnement de Christine Villemin”, dit un avocat. Elle a été accusée d’être le corbeau … Un expert en écriture qui lui attribue la rédaction des deux lettres anonymes de 1983 est moins formel au sujet de la lettre revendiquant la responsabilité du crime. Le 16 octobre 1984, Jacqueline a parcouru, comme tous les jours, le petit kilomètre qui sépare sa maison aux murs violets de l’usine. “Il n’y avait pas de machine de forage à l’entrée de la société”, a-t-elle observé lors de son audition. Elle se souvient que cela a commencé à 13 heures ce jour-là. Le juge a continué à l’interroger. Elle explique qu’à aucun moment elle n’a quitté l’usine.